Passer à l'article

Retour sur la Polyglot Conference 2013

Voyage au bout de la langue » Polyglottes » Retour sur la Polyglot Conference 2013
Polyglot Conference

Hello,

Si vous lisez cet article et ce blog, c’est que, comme moi, les langues et le polyglottisme vous intéressent!

Le week-end dernier avait lieu, dans la magnifique ville de Budapest, la première édition de la Polyglot Conference, organisée par deux polyglottes que tous le monde connaît, Richard Simcott et Luca Lampariello, tous les deux très actifs sur YouTube.

Le concept était simple : réunir dans une même salle 100 passionnés de langues vivantes, polyglottes, « polynots », ou multilingues. En somme, il s’agissait de faire se rencontrer « en vrai » des linguophiles qui se connaissaient déjà, de près ou de loin, via YouTube et les blogs de langues.

Ce que je me propose de faire ici, c’est tout simplement de partager mes notes et mes impressions sur cet événement. Celui-ci était tout bonnement génial, de par l’ambiance chaleureuse, positive et énergique qui y régnait, ou bien pour les opportunités incroyables de pratiquer ou bien, encore, pour la qualité des interventions. Je partagerai également les liens vers les enregistrements de la conférence (une fois ceux-ci disponibles) et quelques informations à propos de l’édition 2014. Je me suis engagé dans l’idée de divers moi-même polyglotte il y a deux ans en partie en raison de ces personnes, et les rencontrer en chair et en os fait plaisir.

Mes notes sont totalement subjectives. J’ai réuni ce qui m’a semblé le plus intéressant, utile ou utilisable, pour nourrir la passion des langues et/ou mieux les apprendre. Si je passe rapidement d’un sujet à un autre, c’est normal, mon objectif est d’offrir un condensé de la conférence.

Budapest Melting Pot

La première conférence portait sur la création et l’organisation d’un club de langues, en l’occurrence, Budapest Melting Pot. J’ai noté au passage l’existence de Language Exchange International, qui répertorie les clubs de langue à travers le monde. (Un peu comme Polyglot Club que j’utilise avec plaisir).

Susanna Zaraysky – Ladino et langues menacées

Susanna Zaraysky nous a présenté ses projets et son expérience dans la défense d’une langue en voie de disparation, le Ladino.

Elle a au passage évoqué le livre Musicophilia d’Oliver Sachs, un livre sur le cerveau et la musique écrit par un neurologiste, et qui fait maintenant partie de ma hit-list en terme de lecture.

Ce qui m’a marqué chez Susanna, depuis que je la suis (et chez Luca, également) c’est la qualité de sa prononciation en espagnol. Son impression sur la question est qu’elle porte son attention d’abord sur l’intonation et l’accentuation de la langue, et seulement plus tard sur la prononciation du vocabulaire. Cela correspond à ce qui se passe naturellement chez l’enfant tandis que, à ma connaissance, aucune méthode de langue ne prend le temps de faire les choses dans cet ordre.

Carole Westerkamp et la Programmation Neuro-Linguistique (PNL)

J’étais agréablement surpris de voir que la conférence incluait une présentation des bases de la PNL. La PNL est un domaine passionnant qui permet de mieux se connaître soi-même, d’apprendre plus facilement et d’enseigner beaucoup plus facilement aussi, tout simplement parce qu’elle permet un plus grand contrôle de notre communication.

Je m’intéresse au sujet depuis 2003 environ et ma promesse, à quiconque se plonge dans le sujet, est que cela vous aidera à mieux enseigner tout ce que vous connaissez. En prêtant plus attention à notre communication et à celle des autres (langage corporel, intonation, information), en contrôlant mieux nos états d’esprit (ce qui nous fait nous sentir énergique ou déprimé, par exemple) et en gérant mieux nos 5 sens et notre langage, nous nous ouvrons grand les portes pour changer et apprendre. Je n’ai pas le temps de rentrer dans les détails malheureusement mais je vous renvois, en plus de la vidéo, vers les ouvrages des fondateurs de la PNL, Richard Bandler et John Grinder, ou ceux de leurs nombreux successeurs.

Judith Meyer – Linguistique informatique

Le geek et programmeur en moi avait vraiment hâte de voir cette présentation. Nous avons eu droit à un rapide tour d’horizon de la recherche en linguistique appliquée à l’informatique. Traduction automatique, synthèse vocale… ce genre de questions qui font partie de notre quotidien que l’on en ait conscience ou non. La conclusion de cette présentation était, sans surprise, qu’il y en a encore pour quelques dizaines d’années avant d’avoir quoi que ce soit de fiable ET automatique en la matière.

Ma partie préférée était une liste des problèmes en attente de résolution dans le domaine. J’inclurai une copie de cette liste ici une fois les vidéos en ligne.

Deux interventions sur l’espéranto

L’espéranto, en tant que langue artificielle et en tant qu’alternative à l’anglais (ou une quelconque langue nationale) comme lingua franca, intrigue. Je n’ai jamais pris le temps de m’intéresser plus que cela à cette langue et ces deux présentations m’ont permis de corriger ce manque.

Je retiens comme particulièrement intéressant le fait que des études ont montré que les élèves qui apprenaient 1 an l’espéranto puis 1 an l’anglais à l’école primaire obtenaient de bien meilleurs résultats que ceux qui étudiaient uniquement l’anglais pendant 2 ans à la place. Il me faudra retrouver cette étude mais mon interprétation rapide est la suivante : comme il est très facile de construire des mots en espéranto, les enfants développent sans doute une base capacité à analyser les mots grâce à cette première année d’espéranto (exemple : s’agit-il d’un nom? d’un adjectif? d’un verbe? Ce mot est-il relié à un autre que je connais? Comment puis-je décomposer un mot long en un radical et un suffixe?). Ma théorie est que cette capacité d’analyse se transfère ensuite à l’anglais et permet d’apprendre mieux en y voyant plus clair dans la structure de la langue. Une fois de plus, on en reviendrait à l’importance d’apprendre à apprendre.

Au-delà de la langue, les espérantistes sont de toute évidence une communauté très bien organisée dont on peut apprendre beaucoup.

Pour plus d’informations sur l’espéranto, je vous renvois vers : http://ikso.net

Alex Rawlings – Langues minoritaires

Alex Rawlings a été désigné comme l’étudiant le plus multilingue du Royaume-Uni, il y a 1 an. Lors de sa présentation, il nous a parlé de son expérience à apprendre une langue rare comme le Yiddish. Ce que je retiens de son intervention c’est, une fois de plus : l’importance d’être capable de décomposer un mot ou une expression en racines, suffixes, préfixes et ainsi de suite. Cette capacité à gérer la morphologie de la langue est à mon avis essentielle pour bien apprendre une langue et de le voir répété par quelqu’un d’aussi multilingue qu’Alex est comme une validation supplémentaire.

Benny Lewis et le blogging/vlogging

Au risque d’en décevoir quelques uns, je ne suis pas fan de Benny de Fluentin3months. Il est à mon avis plus dans la recherche d’une audience et dans le divertissement que dans la passion des langues. Son refus de parler hongrois, malgré des articles récents sur le sujet, a confirmé mon impression. Quoi qu’il en soit, comme son intervention portait sur le blogging et le vlogging, et non pas les langues en elles-mêmes, ce n’est peut-être pas plus mal.

Benny nous a en effet parlé du développement de son blog avec 400K visiteurs uniques par mois, des apparitions dans les médias, des articles invités sur de gros blogs, une sélection sur Reddit.com et 35K fans Facebook pour 140K followers sur Twitter. Sa chaîne YouTube compte 2,5 millions de vue et 35K abonnés.

L’intervention portait sur les techniques pour développer un blog. Le but est d’avoir un blog à taille humaine et de le rendre personnel, en montrant son visage régulièrement à travers les articles, par exemple. Il s’agit aussi de rendre son blog sociable, pour qu’il soit facile de discuter de vos articles, sur le blog ou en dehors, en partageant un lien. La controverse est aussi un bon moyen de développer le trafic de son blog, dans la mesure du raisonnable (exemple : un article controversé par an).

Le but est de partager des histoires qui donnent envie au lecteur de revenir. Leur donner envie de connaître la suite de vos aventures. Fiverr est un bon moyen d’obtenir de l’aide, que ce soit pour la création de graphismes, de sous-titres ou de traductions. Ne pas hésiter à obtenir de l’inspiration d’autres blogs ou vlogs populaires, pas forcément dans le même secteur que le vôtre. Les collaborations aident à devenir populaire.

Sur YouTube, devenir un « YouTube Partner » n’en vaut pas la peine financièrement en dessous de 0.5 millions de vues. En revanche, il reste intéressant de devenir « Partner » ne serait-ce que pour bénéficier d’outils supplémentaires sur le site, et cela n’empêche pas de désactiver les publicités pour éviter d’ennuyer ses lecteurs. Cela permet notamment d’être éligible pour les vidéos recommandées qui apparaissent en haut de la liste à droite des vidéos.

Quelques recommandations pour les vidéos : monter les vidéos, inclure un jingle et intégrer des sous-titres. Cibler une audience précise autour d’un concept clairement défini.

Robert Bigler sur l’interprétariat et la traduction

Robert Bigler, qui est interprète et traducteur depuis environ 20 ans si je me souviens bien, nous a présenté son travail. Ces deux métiers sont évidemment de très bons moyens d’exercer ses langues vivantes, non pas uniquement dans son temps libre, mais sur son temps de travail aussi. C’était une présentation à la fois drôle, informative et riche en anecdotes, qui permet de se faire une idée du quotidien d’un interprète-traducteur.

En quelques mots : le travail d’interprétariat se fait généralement par paires avec un collègue, par séances de 20-25 min. C’est un métier pour lequel il existe beaucoup d’écoles mais qui n’est pas régulé dans la plupart des pays, ce qui en fait une porte d’entrée intéressante pour un passionné de langues. La formation recommandée reste néanmoins l’université et il est bon de savoir que seuls 5% des diplômés finissent par travailler dans ce secteur (beaucoup se rendent sans doute compte que, après tout, ce n’est pas fait pour eux, notamment en raison du stress).

Le meilleur moyen de démarrer dans le métier est de se constituer un réseau et d’ainsi faire jouer ses connaissances, plutôt que de passer via des sites Internet, qui offrent en général des missions moins bien payées. Ces sites Internet restent néanmoins une bonne source pour échanger des conseils sur la traduction avec des collègues.

Si vous considérez ce métier comme carrière, je vous recommande vivement de regarder cette présentation (lien à venir, une fois les vidéos en ligne).

Ryan Boothe – La gestion de conflit

Ryan Boothe nous a présenté son métier et ce qu’il considère une bonne option de carrière pour les polyglottes : la gestion de conflit. Ce n’était pas inintéressant mais le fait que cela soit lié aux langues vivantes était à mon avis tiré par les cheveux.

Anthony Lauder – Comment apprendre 10 langues ?

Cette présentation d’Anthony était de loin la plus drôle, tout en étant une des plus informatives aussi! Une petite merveille.

Anthony a commencé par nous parler du livre Learning Vocabulary In Another Language de Nation tout en prenant soin d’évoquer la dimension parfois peu passionnante des ouvrages de linguistique. Partant de là, il a développé le sujet pour partager avec nous des techniques qui fonctionnent bien et ont été prouvées scientifiquement pour apprendre une langue.

On citera ainsi que les polyglottes ont une meilleure mémoire de travail que ceux qui éprouvent des difficultés en langues. Alors, qu’est-ce qui permet de développer notre mémoire de travail? Les capacités suivantes nous donnent une meilleure mémoire de travail et elles se renforcent les unes les autres :

  • Remarquer
  • Traiter l’information
  • Deviner

Travailler ces aspects permet d’améliorer à la fois notre mémoire et nos méthodes. S’il ne fallait retenir qu’un mot (et vous le l’oublierez jamais après avoir vu la présentation!), c’est cette capacité à DEVINER. (J’en parlais déjà dans Le don des langues et cela confirme que mon apprentissage rapide du hongrois n’était pas que le fruit du hasard.)

Ce qui est le plus important pour comprendre une nouvelle langue est le vocabulaire, cela a été montré comme plus important que le sujet abordé ou la grammaire.

Un natif connaît environ 20K mots, soit un rythme d’acquisition d’à peu près 1K mots par an à partir de l’âge de 6 ans. On estime qu’un apprenant, lui, prendra plaisir à partir de 98% de compréhension et qu’à 80% cela reste incompréhensible pour lui.

On peut distinguer trois dimensions au vocabulaire : sa forme, son sens, son usage. Je vous renvois vers la vidéo pour des détails intéressants sur le sujet.

Anthony nous a ensuite évoqué la fameuse loi de Pareto et les listes de fréquence. On peut considérer que la bonne stratégie est d’acquérir les 3K mots les plus fréquents du langage courant puis, passé ce cap, de se concentrer sur les 2K mots les plus fréquents dans la spécialité de votre choix. Plutôt que d’acquérir les 2K mots suivants du langage courant, ce qui serait un mauvais investissement (beaucoup d’effort pour peu de gain utile). Par exemple, passé le cap des 3K, vous voudrez, selon vos aspirations, vous concentrer sur un de ces vocables : académique, presse, fiction, informatique, juridique, aviation, marketing, vente, etc.

Passé le cap des 6K mots les plus fréquents, si notre but est d’apprendre beaucoup de langues, on voudra sans doute s’arrêter là, entretenir notre langue et passer à la suivante. En effet, passé le cap des 6K, nous sommes face à un vocabulaire rare auquel il devient difficile de s’exposer. L’estimation est que, pour assimiler 1K mots ayant une fréquence faible, nous avons besoin d’1 million d’expositions à ces mots. (Il faudra que je reprenne la vidéo pour étayer.)

On peut considérer que le talent chez un polyglotte c’est la capacité à détecter quels contenus sont adaptés à son niveau. (Anthony cite la série Bookworms pour effectuer ce travail de sélection à notre place). Un autre talent, c’est la capacité à deviner en fonction du contexte, en repérant les indices qui vont nous aider (deviner, une fois de plus!).  On peut aussi citer le fait de pas laisser notre langue natale interférer lorsqu’elle gêne mais de la laisser nous aider lorsque c’est utile (il ne l’a pas nommé mais c’est le concept de transfert négatif vs. transfert positif). Enfin, être capable de laisser de côté certains choses, pour aller à l’essentiel et conserver son plaisir, est une qualité supplémentaire (en somme : dire non à l’idée de tout faire et choisir ses batailles, pour avancer, plutôt qu’être perfectionniste, s’ennuyer et plafonner).

Pour développer notre mémoire de travail, on voudra sans doute lire How to to Improve your Foreign Language Immediately de Boris Shechtman, un ancien du FSI (Foreign Service Institute). En quelques mots, la répétition aide à la mémorisation et nous avons plusieurs moyens à notre disposition pour cela : parler en face d’un miroir, se parler à soi-même, faire des résumés, le concept d’ « îles » (« islands ») et l’écriture. 400 mots suffisent pour écrire un texte adulte. Les collocations enrichissent notre vocabulaire sans même avoir à apprendre, nécessairement, de nouveaux mots. Simplement savoir manier les collocations rend notre langue plus naturel.

Qu’est-ce que parler couramment (« fluently »)? C’est un terme essentiel à définir. Anthony nous propose cette définition, c’est : parler de manière rapide, fluide et en contrôle de nous-mêmes. Quelques activités qui développent cela : parler sans avoir besoin de penser, varier les points de vue sur un même sujet, parcourir un texte difficile rapidement, rencontrer des gens « en vrai », utiliser énormément de collocations, apprendre les expressions figées, se concentrer sur les collocations très fréquentes.

On peut couvrir un nombre impressionnant de collocations avec très peu de mots. Je vous renvois vers la vidéo pour plus de détails.

Une présentation de la langue hongroise

Grande ironie, lors de cette conférence polyglotte, la grande majorité d’entre nous ne pouvait pas communiquer avec les locaux, tout simplement parce qu’ils n’avaient jamais étudié le hongrois. C’était donc une excellente idée d’avoir une présentation de la langue par un universitaire hongrois. Le fait que celle-ci soit donnée en anglais avec un interprète n’était, en revanche, peut-être pas une si riche idée! Dans l’ensemble, cette présentation s’appuyait bien trop sur des termes techniques inutiles. Résultat des courses : la présentation était confuse et était en partie incompréhensible, pour les hongrois eux-mêmes!

Ce qui est vraiment dommage, dans tout cela, est que cela a donné, une fois de plus, l’impression injuste que le hongrois est une langue cryptique. Mon expérience m’a pourtant montré le contraire : la langue est loin d’être difficile, pourvu d’avoir des explications claires et des outils appropriés pour apprendre le hongrois. (En quelques mots : la prononciation est simple pour un francophone ou un anglophone, tandis que la grammaire est globalement très logique. La difficulté réside dans le fait de s’habituer au vocabulaire, cela prend du temps mais c’est aussi ce qui confère sa dimension exotique au hongrois).

En parallèle, cette présentation illustrait sans le vouloir la nature du débat « linguophile vs. linguiste »  que l’on peut résumer ainsi : « Lequel de ces deux groupes enseigne-t-il, globalement, le mieux les langues? ». Le piège du linguophile est d’ignorer de nombreux outils et concepts utiles pour décoder une langue et, en somme, de rester dans l’amateurisme. Le piège du linguiste, comme dans cet exemple, est de se surcharger lui-même et celui qui l’écoute en termes techniques et en notion historiques superflus. Comme souvent, la meilleure solution réside dans le fait d’utiliser une troisième voie pour transcender le débat et synthétiser. Prendre le meilleur des linguophiles (motivation, expérience, pragmatisme) et des linguistes (raisonnement scientifique, modèles fiables) et de rejeter le reste (standards faibles, termes suprflus qui alourdissent les explications au lieu de les fluidifier, etc.).

J’ai été heureux d’apprendre que plusieurs participants ont malgré tout décidé de se mettre au hongrois!

Svetlana Gracheva – Apprendre une langue de chez soi sans voyager

Svetlana nous a parlé de son expérience à apprendre l’espagnol en moins d’un mois, de chez elle, à un niveau suffisant pour avoir des conversations. J’aime cet exemple car il illustre bien le fait qu’il n’est pas nécessaire de voyager pour apprendre une nouvelle langue vivante. Après une rencontre à l’étranger où il y avait énormément d’hispanophones et où elle ne pouvait pas communiquer avec eux, elle est rentrée en Russie avec accès à énormément de contacts et une grande envie d’apprendre l’espagnol, ce qui l’a amenée à pratiquer tous les jours sur Skype. Après un mois à ce régime, elle pouvait tenir des conversations en espagnol. (Si jamais cela vous semble encore incroyable, c’est que vous êtes malheureusement encore marqué par vos mauvais souvenirs d’école et que vous n’avez pas encore essayé une approche plus vivante et moderne comme celle-là).

Bálint Kőrösi –  Confessions d’un Ironman

Bálint a partagé son expérience à apprendre l’allemand en comparant cela avec sa préparation à Ironman. Ironman est un triathlon extrême, pour citer Wikipédia : « 3,8 km de natation, 180 km de cyclisme puis un marathon (42,195 km) en course à pied ». Comparer l’apprentissage d’une langue vivante à une forme de marathon est une très bonne idée, puisque gérer sa motivation et tenir la distance sont dans les deux cas essentiels.

Dans les deux cas, il est nécessaire de se concentrer sur le positif plutôt que sur le négatif, d’une part. Exemple : se focaliser sur la fierté du chemin parcouru plutôt que sur le sentiment écrasant d’avoir encore énormément à faire. Il est aussi critique de poser les conditions du succès en travaillant sur notre environnement, plutôt que de travailler sur notre seule volonté. Par exemple, de payer ses cours particulier à l’avance (après avoir sélectionné un professeur dont on est certain) et d’acheter son billet d’avion sont autant d’engagements qui nous empêchent de reculer et nous gardent sur les rails, même lorsque notre motivation est sur un bémol.

Il s’agit en somme de tout organiser pour être sûr de nous tenir à notre décision et un très bon moyen pour cela est, aussi, de ne plus avoir à réfléchir. Vous savez où sont vos affaires de sport, vous savez à quelle heure vous avez cours de langue, et ainsi de suite… Vous mettez les choses au maximum en automatique et ôtez ainsi le doute de l’équation, en réduisant les frottements, les doutes et les pertes de temps.

Une autre stratégie très puissante sur laquelle insistait Bálint est de parsemer notre journée de la langue que nous apprenons. Une fois de plus, la régularité paye en langues, alors autant pratiquer dès que l’on se lève, avoir toujours quelque chose à portée de main pour nos moments perdus (flashcards ou autre) et ainsi de suite.

Richard Simcott – Langues et modération

Richard Simcott, que l’on ne présente plus, nous a parlé de son travail très multilingue au sein de eModeration, une société chargée de la modération de contenus sur Internet pour le compte de grands groupes. Cela faisait plaisir de voir quelqu’un parler avec motivation de son travail et de l’impact que celui-ci a (le principal et le plus parlant étant la protection de l’enfance). Il est en effet de plus en plus rare, malheureusement, que les gens trouvent du sens à leurs métiers.

Cette présentation fait aussi réfléchir aux opportunités de plus en plus nombreuses de travailler de chez soi via Internet grâce aux langues et de bénéficier ainsi d’une nouvelle liberté.

Luca Lampariello – Trouver les méthodes qui fonctionnent, pour vous, en langues

Luca Lampariello tient sa chaîne YouTube depuis 5 ans déjà et nous a parlé de son expérience à apprendre et enseigner de nombreuses langues vivantes. Luca nous a ainsi présenté sa méthode, qu’il appelle le « full circle ». Le principe qui la gouverne consiste à alterner entre l’action d’analyser et l’action de synthétiser chaque information dans la langue, c’est ainsi qu’il « digère » celle-ci.

Ce qu’il y a d’intéressant avec sa méthode est qu’il prend son temps. La plupart des méthodes insiste sur l’apprentissage rapide, comme s’il y avait une urgence ou quelque chose à fuir, tandis que Luca prend, en somme, le temps de bien faire, tout en ayant la confiance nécessaire en sa méthode pour avancer sans crainte. Dans les grandes lignes, il y a 3 phases à sa méthode :

  • Débutant. De 3 à 6 mois. Il s’agit de se concentrer sur la qualité de ce que l’on apprend. Il favorise les textes bilingues avec un simple rythme de 10 à 20 minutes d’étude par jour.
  • Intermédiaire. Il s’agit d’ajouter la quantité au mélange. Il sélectionne alors beaucoup de textes monolingues ou bilingues qui l’intéressent.
  • Avancé. C’est le moment de l’épiphanie, les choses « cliquent » et se mettent en place, on a l’impression de s’être approprié la langue et un lien émotionnel s’est mis en place avec celle-ci. Il utilise alors énormément les médias pour pratiquer.

Dans l’ensemble, j’aurais aimé trouver plus de détails dans son approche. Je sais qu’il prépare un livre en revanche donc j’attendrai que celui-ci sorte pour en savoir plus.

Luca nous a aussi parlé de son métier de coach en langues. Des élèves ont commencé à l’approcher suite à la publication de ses vidéos, à un moment où il hésitait entre poursuivre ses études d’ingénieur et suivre sa vraie passion, les langues. D’avoir des personnes qui lui demandaient s’il pouvait donner des cours a fait pencher la balance du bon côté. Il a ainsi partagé sa vision de l’enseignement des langues, avec pour point de vue que celui-ci doit être centré sur l’élève, avec comme rôle du professeur de guider et motiver l’élève dans son apprentissage.

Prochaines éditions

Voilà, c’est tout pour ce retour sur la première édition de la Polyglot Conference! Cette conférence est à mon avis le début de quelque chose de grand et de durable et j’ai hâte de participer aux prochaines. Deux événements sont d’ors et déjà prévus, la prochaine édition principale aura lieu en Octobre 2014 à Montréal et New-York. Des éditions satellites, pour ceux qui veulent bien prendre le temps d’en organiser, sont également prévues, avec une déjà annoncée à Berlin au printemps 2014.

Dans l’ensemble, c’était un événement rare, accueillant et très intéressant. Nous vivons à une époque où il est facile de nous passionner d’énormément de sujets mais où rencontrer des gens n’est peut-être plus si simple. Rencontrer des personnes ayant les mêmes centres d’intérêt, avec qui partager nos histoires et nos projets, était tout bonnement génial. A refaire, donc.

Au passage, sur 100 participants, nous n’étions à ma connaissance que deux français présents à cette première édition, tandis que le français était la deuxième langue la plus représentée parmi les participants. Etant donnée la proximité de Budapest en avion et la popularité de cette grande ville auprès des français, j’étais assez surpris, même si ma surprise est facilement modérée par la mauvaise réputation des français en langues. Peut-être quelque chose que les Français corrigerons à travers les prochaines éditions?

Avant de nous quitter, le site officiel : Polyglot Conference.

Ne manquez rien du blog! Abonnez-vous gratuitement pour recevoir le prochain article dès sa parution.

Publié le 27 mai 2013
Cet article, Retour sur la Polyglot Conference 2013, a été écrit par Fabien Snauwaert.

Fabien Snauwaert

Actuellement sur un tour du monde pour apprendre de nouvelles langues vivantes, Fabien a embrassé la vie de nomade en travaillant sur Internet. Vous pouvez suivre ses aventures grâce à son blog Voyage au bout de la langue, où il partage récits de voyage et conseils pour apprendre à parler anglais, hongrois, espagnol ou russe.

Partagez vos idées

Quelques consignes simples pour que les commentaires restent agréables pour tous.
  • Pas de pub, pas de spam et pas de messages ultra-courts qui n'apportent rien.
  • Ecrivez uniquement dans une des langues évoquées sur ce site. Quelle que soit la langue dans laquelle vous écrivez, prenez soin d'écrire un message sans faute (les correcteurs d'orthographes sont un bon début).
  • Si vous êtes l'auteur d'un blog, laissez votre URL dans le champ Site Web et signez avec votre prénom, cela détectera automatiquement vos articles récents. (Si vous voulez laisser le nom de votre blog, ce que je comprends, laissez-le entre parenthèses après votre prénom). Pas d'URL dans le corps du message. Pour un partenariat, contactez-moi en privé.
  • Enfin, les critiques sont les bienvenues tant qu'elles sont constructives. Sinon... Amusez-vous! Merci de participer à la vie de ce blog :-)

CommentLuv badge

6 participations sur Retour sur la Polyglot Conference 2013 :

  1. Pingback : Polyglot Conference in Budapest, May 2013 | Languages & Translation

  2. Pingback : Rediscovering Budapest and reveling in the Polyglot Conference | Be global! Learn languages. Travel the world.

  3. Merci Fabien pour ce résumé de la conférence. Ça avait l’air bien sympa.

    J’ai trouvé sur YouTube la vidéo de Anthony Lauder « PolyNot » : https://www.youtube.com/watch?v=2X7XTui58Qs
    J’ai pris beaucoup de plaisir à la regarder. Beaucoup d’humour, et très intéressante.
    Du coup, je vais enchainer les autres vidéos de la conférence :
    https://www.youtube.com/user/PolyglotConf?feature=watch
    Samuel Articles récents..Avancement de la prochaine mise à jour : nouveau design, version iPad/tablette, prête pour le futur !My Profile

  4. Pingback : Rediscovering Budapest and reveling in the Polyglot Conference | Create Your World Book