Je ne prétends pas être polyglotte mais j’ai envie de le devenir, tout simplement parce que les langues vivantes me plaisent. Une question qui revient souvent face à mon niveau d’anglais ou au fait d’avoir appris le hongrois est « comment? ». En général, je réponds par la liste d’activités qui m’ont amené à pratiquer ou bien les outils qui aident, mentalement, à décomposer une langue complexe en éléments simples… Je soupçonne ceci dit que, si la question du comment revient si souvent, c’est surtout parce que les gens ne savent pas ce qui les attend s’ils apprennent une langue.
Tout en apprenant le hongrois, avec l’intention d’en faire la troisième langue dans laquelle je puisse discuter, j’ai tenu un log sur mes progrès. C’est-à-dire, une liste de moments dont j’étais fier et qui m’indiqueraient, même un tant soit peu, que j’avais avancé dans ma capacité à utiliser la langue. J’aimerais maintenant partager ce carnet de bord avec vous, pour vous donner une idée de ce qui vous attend en apprenant une nouvelle langue, qu’il s’agisse du hongrois ou d’une autre troisième langue. Cela n’est au final que mon expérience mais j’espère que cela vous donnera confiance dans le fait qu’avec un peu de travail et de passion, tout s’apprend. Vous trouverez entre guillemets toutes mes notes prises sur le moment et j’ai essayé de les compléter, en reconstruisant de mémoire ce qui me semble le plus important.
Avant cet article, je vous conseille de lire la méthode que j’ai utilisée pour apprendre le hongrois, en parallèle de ces progrès, ainsi que de consulter ma liste de ressources pour apprendre le hongrois, afin d’avoir une idée des outils et contenus que j’utilisais en complément de ma méthode « multi-angles ».
Table des matières
Ma progression en hongrois
Découverte de la langue :
Ou pourquoi et comment je me suis mis au hongrois, comment j’ai momentanément échoué puis suis parvenu à persévérer et progresser.
- Août 2010 : voyage à travers l’Europe Centrale avec une bande de potes, dont 10 jours en Hongrie, à Budapest. La ville nous plaît, nous prévoyons d’y retourner en Novembre.
- Septembre-Novembre 2010 : je me mets au hongrois avec pour seule ressource la méthode Assimil. La curiosité me motive.
- Novembre 2010 : de retour en Hongrie pour 10 jours avec des amis. Je connais quelques phrases et, à essayer de pratiquer avec une amie rencontrée sur place, je réalise bien que l’on me comprend pas pour autant! Je découvre surtout que ma distinction et ma prononciation des voyelles hongroises n’est pas correcte… Je m’interroge sur ma capacité à les distinguer un jour.
- Janvier 2011 : un projet me trotte en tête depuis longtemps… Partir vivre à Budapest pour 3 mois. Seulement voilà, j’hésite, la tête trop emplie de « Et si… ». Après un exercice aux allures de développement personnel, je me décide, achète mes billets et cela change radicalement mon attitude. Je passe les quelques mois suivants à m’arranger pour mon appartement et à travailler d’arrache pied pour partir l’esprit serein.
- Mi-avril 2011 : je m’envole pour la Hongrie…
- Avril 2011 : je perds 2-3 semaines en auberge, à parler anglais, avant de trouver un appartement en colocation avec des hongrois et de m’atteler de manière plus intense et passionnée au hongrois.
Acquisition progressive de bases solides :
Nous sommes au mois de mai 2011. Me voilà donc avec un appartement à Budapest, à essayer de vivre en immersion et à fuir l’anglais et le français pour cela. J’ai débuté mes cours particuliers (2 x 1H30 par semaine) début mai et utilisais ce que j’apprenais le maximum possible.
Dans le reste de cet article, les phrases entre guillemets sont des idées couchées sur le moment lorsque je vivais en Hongrie. Elles reflètent mes fiertés et mes craintes comme j’essayais d’acquérir le hongrois.
- « Je ne comprends que ce que je connais comme mots… puis je deviens capable de comprendre de NOUVEAUX mots, jamais vu auparavant. Ex: mot lu sur une vitrine à WestEnd (centre commercial). Racines des mots connues + Structure des mots comprise. » — 23/05/2011
- « J’utilise uniquement des phrases déjà vues ailleurs (ou presque)… puis je suis à l’aise pour construire des phrases par moi-même avec confiance (conjugaison que je sais être ok, ordre des mots que je sais être ok). Ex: ez a könyvemben nincs sajnos » — 23/05/2011
- « Je réalise que je suis à l’aise pour naviguer un site web, nombreux mots connus dans les options de navigation (articles visionnés; top de la semaine; aucun résultat…). » — 27/05/2011
- « Je suis à l’aise avec le fait de renommer mes noms de fichiers en hongrois. J’ai eu besoin du dictionnaire pour cela mais je sais que les mots appris à l’instant seront facilement reconnus (je ne m’y perdrai pas parmi mes fichiers). En somme, je distingue mieux les mots que par le passé (à une époque, tout se confondait, même des mots très différents les uns des autres). J’en suis par ailleurs à 248 mots ou expressions de notés dans ma liste de vocabulaire (uniquement en hongrois, pas de traductions), ce qui signifie que je dois connaître entre 500 et 1000 mots minimum. » — 29/05/2011
- « Je réalise que je suis à l’aise maintenant pour rédiger des fragments de phrases et vérifier sur Google si ça se dit (ma technique pour l’anglais). J’essayais par le passé mais me sentais perdu, ne sachant pas structurer la phrase ou conjuger ou décliner les mots. Là ça va. Ex: pour voir si on dit « szerencsés vagy » ou « szerencséd van » (resp. 500K et 1,5 M de résultats, donc les deux ok) ou « A címem és számom » et « A címem és a számom » (respectivement 3 résultats et plusieurs pages de résultats). Ou encore, si l’on dit « szeretem budapestet » (plein de résultats) ou bien « szeretek budapestet » (0 résultat). » — 29/05/2011
- « MeS techniqueS de recherche Google fonctionnent. Exemple : recherche « Sok szerencsét a » m’apprend ce que je désirais savoir, à savoir que le nom en complément prend le suffixe -hoz. » — Printemps 2011
- « Je réalise que je n’ai plus à réfléchir pour formuler des phrases où je connais les verbes et le vocabulaire. Ca ne veut pas dire que je ne fais pas de fautes (et on me corrige si ça arrive, notamment, je pense à : quelle déclinaison avec tel ou tel verbe… mais dans l’absolu ces terminaisons sont quelque chose qui s’apprend EN MEME TEMPS que le verbe). » — 31/05/2011
- « Je copie maintenant des phrases plutôt que des mots isolés dans mon fichier de vocabulaire. Cela, pour mémoriser des mots seuls et nouveaux DANS LE CONTEXTE. » — 31/05/2011
- « Je peux raconter beaucoup. Je m’en rends compte à la rencontre d’une *nouvelle* personne. » — 09/06/2011.
- « Je me rends compte a posteriori, en mettant mes notes au propre, de ce que j’ai vraiment appris avec Dóri [NDLR: une amie qui ne parlait pas un mot d’anglais], et ce en parlant et nous expliquant uniquement en hongrois. » — 11/06/2011
- « Je me surprends depuis 2-3 jours à ce que le correcteur d’ortographe ne me reprenne plus (à l’exception des questions d’accents que l’on ne peut taper) tout simplement de par l‘absence ou du moins la réduction significative des fautes lorsque j’écris. » — ~13/06/2011
- « On me dit de niveau intermédiaire, mail et en personne » — 15/06/2011
- « Je peux tenir des conversations de 2-3h en Hongrois en évitant l’anglais au maximum (peut-être 10 « hogy mondja magyarul… [mot anglais] »). J’en étais peut-être capable avant mais il m’a fallu ces nouvelles rencontres pour m’en rendre compte. De rencontrer de nouvelles personnes aide (on parle de sujets que je connais déjà). » — 20/06/2011
- « On ne devine pas d’où je suis juste à mon accent » — 25/06/2011
- « Je rentre à Paris, fort d’une connaissance solide de la grammaire, capable de prononcer correctement et avec une petite quantité de vocabulaire courant. Il me manque un vocabulaire plus large et plus flexible. Maintenant, il va s’agir d’apprendre sur place [à Paris] si je ne veux pas patienter des mois avant de reparler (et risquer de reperdre) » — 29/06/2011
Quitter le pays, s’entretenir et revenir
Après mon retour de Hongrie et une rapide mise au point de mes attentes (environ 24H!), je décide de préparer mon tour du monde. Quelques mois face à moi pour profiter de l’été avec des amis puis préparer mon déménagement… et, continuer à faire de la place au hongrois dans ma vie.
- « Ecoute MP3 Assimil dans le métro parisien, leçons fin du livre non étudiées : je saisis beaucoup de mots. » — 01/07/2011
- « Je reprends la méthode Assimil après des semaines sans… Je la reprends avec un certain plaisir : re-« parler » hongrois (je lis à voix haute) et voir que c’est plus facile. » — 03/07/2011
- « La méthode Assimil est effectivement devenue plus facile… Je prononce avec aise et lis de manière fluide, même sans tout comprendre. Enfin, mémoriser une phrase contenant des mots inconnus est devenu plus facile, et ne demande de l’effort que si les mots inconnus sont nombreux et n’ont rien de familier. » — 03/07/2011
- « Je reprends mes efforts en Hongrois après 2 mois sans vraiment en faire. 2 mois à juste écouter ou écrire par-ci par-là mais à tout de même penser en Hongrois (écoute métro, messages Facebook/mails, pensées à réviser mentalement comment on dit telle ou telle chose et à comparer avec le polonais ou ukrainien). 3 semaines sur la route à apprendre quelques mots de polonais et ukrainien (Pimsleur). Ressenti : plaisir à réentendre du Hongrois et prêt à écouter plusieurs fois une même leçon Assimil sans le texte pour accélérer ma vitesse de compréhension (beaucoup de mots connus à rafraichir pour la vitesse de compréhension) et pas de pression à parler (contexte différent, pas sur place) » — 13/08/2011
- « La leçon 29 Assimil semble correspondre à mon niveau (tout compris juste optimisation vitesse?) » — 13/08/2011
- « Hmm, juste Assimil et Goethe sur mon tél à écouter, pas étonnant que je m’ennuie! Ajouter juste des chansons + paroles + traduction (même automatique) serait un gros progrès. » 21/08/2011
- « Nouveau PC et installation de FireFox en hongrois pour l’occasion. » — ~26/09/2011
Tour du monde… et une place pour le hongrois?
Début octobre, j’entame mon tour du monde, en débutant par un retour en Hongrie. Envie de reparler la langue, revoir des amis et visiter le pays avant l’hiver en Europe et le reste de mon voyage dans l’hémisphère Sud.
- « Parlé 6H30 en hongrois! 2H de cours + 4H30 avec Szilvi… L’impression d’avoir le cerveau HS le soir-même et encore le lendemain midi. » — 18/10/2011 et jour suivant
- « Cela fait 13 jours aujourd’hui que je suis de retour en Hongrie. Ce qui m’a surpris en arrivant est que je n’ai pas du tout perdu mon niveau. En fait, quelques mots simples ont pu m’échapper ou « s’éloigner » un peu dans ma mémoire mais mon naturel pour parler m’est apparu comme en réalité MEILLEUR. J’en ai parlé dans les vidéos pour mon blog et je mets cela sur le compte d’avoir continué à « penser » régulièrement en hongrois à défaut de pratiquer. » — 23/10/2011
- « Je reprends aussi mon étude du hongrois. J’ai pris plaisir à revoir du monde ou rencontrer de nouveau des hongrois et j’ai passé des heures d’affilée à discuter. Néanmoins, j’ai le sentiment de ne plus avancer. Disons que s’il y a 13 jours j’étais très content de parler de nouveau, aujourd’hui, j’ai le sentiment de ne pas avancer faute d’étudier. Etude et pratique ne sont donc clairement pas la même chose. J’ai gagné en familiarité avec certains mots sur lesquels je butais par le passé mais il reste des mots courants récalcitrants. » — 23/10/2011
- « Je suis en train de travailler sur plusieurs projets pour m’aider. Un système d’accompagnement à la lecture, il y a une semaine. Aujourd’hui, le travail du vocabulaire par fréquence cette fois-ci avec l’aide du dictionnaire pour traduire les mots (validation compréhension) et décomposition des mots. » — 23/10/2011
- « Enfin, aujourd’hui, tout de suite précisément, je travaille à comprendre chacun des mots dans l’interface de FireFox. » — 23/10/2011
- « Pécs : aider des étudiantes allemandes avec leur hongrois. » — Fin novembre 2011
- « Pécs : les gens s’attendent à ce que je comprenne! » — Fin novembre 2011
- « Je viens de passer une semaine à Szeged. j’ai eu l’occasion d’entendre parler hongrois plus que d’habitude, à être en groupe (plutôt qu’en tête à tête). » — 10/11/2011
- « D’être 1 mois (seulement) en Hongrie ne m’a pas autant créé le besoin de parler hongrois qu’un séjour de 3 mois. Pas le même engagement mais pas non plus le même besoin de progrès rapides vu que je survis déjà en hongrois sans problème. »
- « Les connaisances faites lors du voyage me parlaient souvent anglais aussi (pas mal d’étudiants ou de touristes allemands). » — 10/11/2011
- « Je n’ai pas visé l’apprentissage spécifique de certains mots comme au printemps (reposé sur mes acquis?), c’est ma principale erreur. » — 10/11/2011
- « Je peux raconter la même histoire plusieurs fois sans y réfléchir ni réciter mais je bute encore sur des mots basiques que je n’ai pas acquis (se lever, se doucher) » — 10/11/2011
- Début novembre, je pars pour l’hémisphère Sud : première destination, la Nouvelle-Zélande (avant l’Australie et l’Argentine).
- « J’ai commencé à lire la méthode Assimil Spanyoul (pour apprendre l’espagnol, pour les Hongrois). Je lis uniquement les dialogues en hongrois avec le plaisir de pouvoir lire des dialogues simples et nouveaux qui nécessitent à peine l’usage du dico (et alors mon tél portable suffit). » — ~15/11/2011
- « Je n’ai plus l’impression de devoir vérifier tout ce que j’écris. Je cherche surtout des mots en anglais faute des les connaître en Hongrois. Mais je ne vérifie plus ce que j’écris autant qu’avant (plus de Google Fordito et dico à outrance). » — 03/12/2011
- « J’ai regardé des Friends de temps à autre, j’ai dû voir les 7 premiers » — Entre novembre et décembre 2011, regardés en hongrois, ensuite passé à la suite des épisodes en espagnol pour l’Amérique du Sud (janvier 2012).
Depuis, mon usage du hongrois s’est limité à quelques conversations sur Facebook et à des courriers échangés avec des amis. Des paroles me viennent régulièrement en tête. Mes premières semaines en Argentine (les 15 premiers jours environ) ont pour beaucoup consisté, niveau langue, à essayer de ne PAS mélanger le hongrois et l’espagnol. On peut voir cela comme le fait de mieux distinguer les deux, de bien voir que si les deux se battent dans mon cerveau pour le rôle de troisième langue, elles ne sont pas pour autant les mêmes et j’ai ainsi eu à les compartimenter. Je distingue maintenant bien les deux sans confusion quand je parle espagnol, même si je dois être attentif de temps à autre en sens inverse (ne pas laisser l’espagnol me perturber lorsque je reparle hongrois). Je meurs d’envie d’aller en Hongrie au mois de juillet, du côté du lac Balaton.
Intéressant cette démarche et progression, bravo.
Magyarul írhetnéd ?
Tudok írni és beszélni magyarul. Olvasni is, de igazából eddig az a legnehezebb, azért mert még egy sok mindent kell tanulnom. (S többet gyakoroltam beszélni és írni mint olvasni.)
A tanulás soha nem vége de valószínűleg nem sokára már B2 leszek.