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3 semaines en CouchSurfing

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CouchSurfing

CouchSurfing est une invention géniale qui permet de rencontrer des locaux, d’héberger des voyageurs et de se faire héberger. Voyager coûte beaucoup moins cher qu’on ne le pense et CouchSurfing fait précisément partie de ces trouvailles qui aident à économiser tout en augmentant la qualité du voyage.

On peut voyager pour pas mal de raisons. Voir du pays, partir à l’aventure, rencontrer des gens ou apprendre une langue. CouchSurfing permet je pense tout cela, selon vos envies. Le principe est simple : vous créez un compte sur le site officiel, remplissez votre profil, puis recherchez des personnes à rencontrer. J’ai commencé à m’en servir lorsque je vivais à Budapest, simplement pour apprendre le hongrois et rencontrer des locaux avec qui pratiquer. Il ne s’agissait alors pour moi que d’aller boire un verre pour discuter et m’amuser.

L’été dernier, j’ai décidé de pousser les choses plus loin. J’étais de retour en Europe après 3 mois en Amérique du Sud et 3 mois en Amérique du Nord et je voulais profiter de mon peu de temps disponible en Hongrie (3 semaines) pour rencontrer le maximum de personnes tout en voyageant autant que possible dans le pays. Parler hongrois me manquait et je voulais faire d’une pierre deux coups.

Ce que je vous propose ici c’est une sorte de résultat des courses de ces 3 semaines en CouchSurfing, pour voir ce qu’il est effectivement possible de faire :)

Préparation

Au moment de préparer ces 3 semaines en CouchSurfing, mon expérience en la matière se résumait à :

  • Une quinzaine de personnes rencontrées pour aller boire un verre, dont certaines sont devenues des amies.
  • Et 8 hébergements (Varsovie, Budapest, Szeged, Buenos Aires et Chicago) au cours des 11 mois précédents. En général pour une nuit ou deux et, dans deux cas, les choses se passant très bien sans que je dérange, pour une semaine.

…et lorsque je revenais sur ces expériences, si certaines d’entre elles n’avaient honnêtement rien d’exceptionnel, la majorité, en revanche, étaient d’excellents souvenirs qui me faisaient me poser la question : « Mais pourquoi je ne voyage pas en CouchSurfing plus souvent?!! ». Je notais aussi que d’avoir un profil bien rempli et, surtout, avec des commentaires positifs de personnes m’ayant rencontrées, jouait énormément en ma faveur puisque cela m’amenait aussi à être invité sur les mois précédents.

Ce que j’avais retenu également, en revanche, c’est que de trouver un hôte demande un minimum d’organisation. Trouver un canapé à la dernière minute est toujours possible mais incertain et stressant. Mes préparatifs pour le séjour à venir ont alors consisté à passer environ 1h par jour, pendant une semaine (de J-15 à 1-7 environ), à envoyer et répondre à des messages sur le site. C’est clairement moins pratique que de réserver un lit sur HostelWorld mais le résultat n’est pas le même non plus! Au final, au terme de cette semaine de messagerie relativement intensive, j’avais des hébergements de prévus pour mes 3 semaines dans le pays. Enfin, sachant que je rédigeais mes messages en Hongrois, je pense que vous pouvez faire la même chose en 30 minutes par jour en anglais.

 Hébergement

La première raison qui peut pousser à rechercher un canapé sur lequel dormir, c’est évidemment d’avoir un toit au-dessus de sa tête, sans dépenser une fortune en hôtel, ni n’être qu’entre étrangers dans une auberge de jeunesse.

Alors, sur mes 22 jours en Hongrie et ma rencontre de 9 hôtes, la logistique a été la suivante :

  • 5 chambres
  • 1 lit dans la même chambre
  • 1 lit
  • 1 canapé
  • 1 matelas au sol

En gros, si je compare avec mes expériences de CouchSurfing précédentes c’est à peu près la même chose : une fois sur deux, on a sa propre chambre. De nombreux hôtes ne le précisent pas sur leur fiche, et ils ont bien raison, pour que les motifs de la rencontre se fassent plus sur des affinités que sur des motivations pratiques.

Un paresseux au zoo de Budapest

Comme le zoo ne voulait pas de moi, j’étais bien forcé de trouver un canapé où dormir…

J’ai aussi eu la surprise, ô combien éprouvante psychologiquement, de tomber sur une hôte qui n’avait qu’un lit et ni canapé, ni matelas, pour m’héberger… Je vous épargnerai les détails de cette aventure particulière qui m’a demandé beaucoup de courage.

Enfin, sur ces 22 jours, je n’ai passé que 3 nuits en auberge de jeunesse. 1 nuit parce que quelqu’un m’avait fait faux-bond et que j’avais besoin de replanifier certaines choses. 2 nuits parce que j’avais un trou dans mon planning et qu’il était plus simple d’aller en auberge que de courir à la recherche d’un canapé. Lorsque l’on prévoit des choses sur plusieurs semaines, ce genre d’aléas est à prendre en compte. En revanche, j’ai aussi eu la bonne surprise inverse : de voir une connaissance de mon hôte proposer de m’héberger quand je n’avais nul part de prévu pour le lendemain.

Humain

Mais si on opte pour le CouchSurfing, ce n’est pas juste pour avoir un lit. Ce qui m’a vraiment marqué durant ces 3 semaines, c’est la générosité et la chaleur humaine dans ces rencontres. J’ai été hébergé par divers types de personnes et de divers milieux (familles; célibataires; de 19 à 40 ans) et, à chaque fois, il y avait quelque chose d’accrocheur et, honnêtement, bien souvent, de touchant dans ces rencontres.

De voir les gens nous poser mille question, motivés par la curiosité et le plaisir de voir un étranger avec qui ils pouvaient parler la même langue.

D’être accueilli par des personnes incroyablement gentilles et tellement heureuses de discuter, même en dépit de mon modeste niveau de Hongrois!

Ou encore, de me retrouver autour d’une bière avec le frère de mon hôte et 10 amis à lui, à discuter de tout et de rien, sous un ciel étoilé et sans savoir exactement où j’étais.

Des choses simples mais qui, après avoir parcouru de milliers de kilomètres et à le faire dans une autre langue, ont quelque chose de magique.

Le lac Balaton

Le lac Balaton

J’ai fini de lire récemment How I Learn Languages de Kató Lomb, une polyglotte hongroise et une des premières interprètes en simultané au monde. C’est une femme qui a beaucoup voyagé, grâce à son travail, et qui parlait couramment 5 langues en plus de pouvoir en parler 5 autres et de pouvoir en traduire 6 autres encore. Une de ses observations est que les gens sont au final les mêmes partout, unis par la nature humaine. Je partage clairement cet avis en remarquant que les différences culturelles, lorsqu’elles existent, restent minimes par rapport aux centres d’intérêts et aux préoccupations des gens, qui restent les mêmes partout (sans ordre particulier : la famille, le travail, l’amour, l’argent).

Alors, pourquoi voyager, si les gens sont fondamentalement les mêmes partout? Justement, peut-être, pour s’en rendre compte par soi-même et le faire tout en voyant du pays, pour que ces noms qui évoquent des contrées plus ou moins lointaines ne soient pas juste un mot mais prennent aussi vie, dans nos esprits, sous la forme d’images, de souvenirs et de rencontres.

La sécurité

La première inquiétude qui apparaît dans la conversation, lorsque l’on parle de CouchSurfing, c’est la sécurité. C’est naturel et aussi important pour celui qui héberge que pour celui qui se fait héberger. J’espère en reparler dans un guide sur le sujet mais, d’ici là, disons que se fier à son instinct reste sûrement le meilleur des moyens. Je crois que la majorité des gens sont honnêtes et que, lorsque ce n’est pas le cas, notre intuition nous en avertit – et c’est alors qu’il est préférable d’écouter son instinct et de toujours faire marche arrière.

Concrètement, lors de ces trois semaines, la confiance fonctionnait clairement dans les deux sens. Une rencontre CouchSurfing type se passe ainsi : vous posez vos bagages chez votre hôte puis vous allez boire un verre ou visiter la ville avec lui. Bien souvent, bien que je ne l’ai jamais demandé, vous avez la clef de l’appartement pour simplifier les choses le lendemain si vous restez plus d’une nuit.

C’est là aussi que le côté humain prend toute sa dimension : après avoir déposé mes bagages (c’est-à-dire : tous mes bien matériels! hormis un piano) chez quelqu’un que je connaissais depuis 15 minutes puis être parti me balader… Je me faisais la remarque de savoir si c’était prudent ou non. Pour l’avoir déjà fait par le passé et être hébergé par une famille, en revanche, je ne m’inquiétais pas. Et?… Et tout cela à quelque chose d’incroyablement soulageant.

Je ne parle pas d’être inconscient et d’abandonner et risquer tout vos biens voire de vous mettre en danger.

Sécurité et CouchSurfing

Sécurité et CouchSurfing

Je parle simplement du fait que rencontrer des inconnus, sentir que l’on peut leur faire confiance, être dans un échange et un dialogue… Bref, laisser aller et être dans le plaisir de la rencontre… Cela fait un bien fou et contraste énormément avec notre époque. Allumez la télé, écoutez nos parents enfants… Et ce que nous apprenons est que l’on vit dans un monde dangereux, où il faut faire attention. Alors, de voyager et de pouvoir faire confiance à des inconnus… C’est un bonheur simple mais soulageant.

Encore une fois, loin de moi l’idée d’encourager qui que ce soit à faire n’importe quoi en matière de sécurité (être en mesure de se défendre, ou se poser des règles simples, rend le fait de faire confiance plus facile, par exemple) mais gardez bien en tête que cette confiance et ce rapport avec des inconnus ou, plutôt, avec « des amis que l’on n’a pas encore rencontré », est un des plaisirs du voyage.

Enfin, l’équipe derrière CouchSurfing fait de la sécurité une de ses priorités, justement à cause de cet a priori négatif. Dans les faits, avec un système de notations et de commentaires, on peut se faire une idée de qui l’on va rencontrer. En plus du bon sens, ma recommendation est d’avoir toujours un plan B (par exemple, savoir où trouver une auberge) pour que vous puissiez changer vos projets sans souci si votre hôte ne vous inspire pas confiance lors de la rencontre.

Pratiquer une langue en CouchSurfing

Su le CEFR, je me situe au niveau B1 en Hongrois. Lorsque je suis revenu en Hongrie l’été dernier, je n’avais en gros pas pratiqué le Hongrois depuis 9 mois, à l’exception de courts messages de temps à autre, pour garder le contact avec des amis (et d’avoir mis Firefox et Facebook en hongrois!). A ce niveau, je peux survivre dans la langue et parler de moi mais pas grand chose d’autre. Qui plus est, si j’avais hâte de pouvoir enfin parler hongrois de nouveau, j’anticipais aussi, par crainte d’avoir du mal à retrouver mes mots.

Si j’ai dû me rendre à l’évidence que j’avais perdu des mots que je connaissais, j’ai aussi pu me rendre compte que, à un certain niveau, le hongrois faisait vraiment partie de moi aussi. C’est difficile à expliquer car ce n’est pas juste logique, c’est aussi un sentiment d’intimité avec la langue. Les structures de base du hongrois et le fait de penser (même si bien sûr de manière limitée) en hongrois font clairement partie de moi maintenant. Ce sont des éléments que j’ai intégrés. Cela se connecte aussi à des souvenirs dans cette langue et à un goût clairement prononcé pour la langue dans son ensemble. C’est un peuple qui m’a fait une bonne impression, je n’ai que de bons souvenirs dans cette langue et, enfin, j’aime la manière dont on pense différemment en hongrois que, par exemple, en anglais et en français, qui sont des langues beaucoup plus proches l’une de l’autre.

Tapolca, Hongrie

Tapolca, Hongrie

Concrètement, durant ces trois semaines, j’ai eu des conversations sur des sujets variés, tels que : l’informatique (la sécurité des installations informatiques et, notamment, de WordPress), l’histoire hongroise (notamment bien sûr, le Traité du Trianon, puisque la Hongrie y a perdu 1/3 de son territoire et de ses habitants), la langue hongroise (et notamment une théorie selon laquelle ce serait la langue préhistorique; c’est un sujet de controverse mais, si c’est vrai, cela en ferait la langue d’origine de l’humanité) et la PNL.

Je ne sais pas comment j’ai fait pour avoir de telles conversations. C’est clairement « au-dessus de mon niveau ». Mais est-ce que ce n’est pas comme cela que l’on progresse? Parler une langue est un phénomène relativement inconscient et, si j’en avais besoin, avoir eu de telles conversations en est la preuve. Je ne me rappelle pas des mots utilisés, par exemple. Beaucoup de mes interlocuteurs avaient certainement l’intelligence de parler à mon rythme ou d’utiliser des expressions de substitution que je puisse comprendre… Tout ce dont je me rappelle c’est d’avoir eu ces conversations; pas comment.

Quoi qu’il en soit, c’était intéressant! Et c’est bien ce que cela a d’essentiel. J’aurais actuellement un mal de fou à parler moi-même de ces sujets en hongrois mais d’avoir pu échanger dessus crée chez moi un mélange de fierté et de plaisir. Cela me change de sujets dont j’ai déjà parlé cent fois et qui ne m’apprennent rien de nouveau dans la langue.

Pour briser la glace, j’ai plus tendance à parler de voyage, de langues vivantes, de ce que j’aime faire, de musique, de rêves ou de projets (me révéler) et, pour nourrir la conversation et en savoir plus sur la personne avec qui j’échange, à poser des questions simples sur les mêmes sujets et, aussi, une question simple et presque magique « pourquoi? ». Demander aux gens pourquoi ils font les choses est souvent une très bonne question car, en plus de concentrer la conversation sur un sujet à la fois, cela permet de savoir ce qui les motive et les intéresse vraiment et, bien souvent, il le découvre quelque part eux-mêmes en vous en parlant.

Enfin, après ces 3 semaines en CouchSurfing, je suis parti pour la Russie pour 3 mois également… J’en suis depuis revenu et, au moment où j’écris ces lignes, je suis à Szeged, dans le Sud de la Hongrie.

Ma surprise?

Après 3 mois SANS pratiquer le Hongrois, mon niveau est le même sinon meilleur que à la fin de mon séjour en CouchSurfing. C’est comme si cette immersion avait reprogrammé mon cerveau en lui disant « il n’y a QUE du hongrois autour de toi, il va falloir que tu adoptes cette langue! ». D’avoir vécu 2,5 mois à Budapest (où j’ai appris le plus gros de ce que je sais en Hongrois) m’a clairement aidé… Mais je pense que cette immersion m’a amené à faire face à la langue d’une manière nouvelle. Pas de cours, pas de dictionnaire, pas d’ordinateur… « Juste » des natifs autour de moi, tout le temps, chaque jour. Actuellement, je lis ENFIN en Hongrois. Des choses simples pour l’instant… Mais, sans ce séjour, je pense que je n’en serais pas encore là.

§

J’espère que ce récit vous a plu et faites-vous plaisir en partageant vos aventures ou vos anecdotes de CouchSurfing ci-dessous!

Le site officiel : CouchSurfing.org

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Publié le 1 décembre 2012
Cet article, 3 semaines en CouchSurfing, a été écrit par Fabien Snauwaert.

Fabien Snauwaert

Actuellement sur un tour du monde pour apprendre de nouvelles langues vivantes, Fabien a embrassé la vie de nomade en travaillant sur Internet. Vous pouvez suivre ses aventures grâce à son blog Voyage au bout de la langue, où il partage récits de voyage et conseils pour apprendre à parler anglais, hongrois, espagnol ou russe.

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2 participations sur 3 semaines en CouchSurfing :

  1. Pingback : Comment apprendre l'anglais en s'amusant

  2. Merci pour ton article Fabien, il est vraiment intéressant !

    Je pars cet été en stop dans les Balkans et je crains de devoir improviser à la dernière minute. Comment faire pour le CS ?